dimanche 2 juin 2013

XTrail Sutton 2013 - Premier DNF

Sur la 10 en direction de Montréal, j'ai récrit ce billet des dizaines de fois dans ma tête, tiraillé entre la déception et le sentiment d'avoir pris la bonne décision.

Je suis évidemment déçu. Quand j'ai vu les coureurs la médaille au cou, j'ai eu un pincement au cœur. Pas pour moi cette fois-ci.Ce matin devant mon ordi, je me dis que j'aurais dû pousser un peu plus, mais dans le feu de l'action, j'ai opté pour la solution la moins souffrante, du moins physiquement...

Pourtant tout avait bien commencé. Dans la longue première montée, je me souviens de m'être dit « Déjà 3 km! ». Après 5 km, on amorce la descente. Les jambes sont alertes. Plein de racines, des roches, de boue. Mes sensations sont bonnes. Je suis positif, tout va bien dans le meilleur des mondes.

Le retour en mode ascension a toutefois été dur. Je me retrouve dans un petit groupe. On parle peu. Pas de blagues. Dans un nouveau raidillon, on entend des soupirs, des grognements, parfois même quelques blasphèmes. La sueur dégoutte au bout de la palette de ma casquette. Ma détermination s'effrite à mesure que passent les courbes de niveau.Vers le 11e km, coup de grâce... Un gentil bénévole m'annonce qu'il reste moins d'un km de montée et que j'ai fait la moitié du trajet. Moitié... Dans ma tête, je ne vois qu'un verre à moitié vide. Ma volonté laisse place à une grande lassitude. Le gentil bénévole, en voyant mon air décrissé, me dit doucement « Vous savez, il n'y a pas de honte à abandonner, surtout dans ces conditions ». Le doute s'installe, et tout dégringole dans ma tête en quelques minutes. Entretemps, une fille arrive à l'intersection et décide d'abandonner. Nous sommes à moins de 2 km du chalet Alt 520 où des gens peuvent nous raccompagner au point de départ/arrivée de la course. Deux fils se touchent dans mon cerveau, et je quitte le trajet de la course. Dans sa radio, le bénévole annonce « Dossard 141, abandon ». Mon destin est scellé. Et je dois confesser que sur le coup, je ressens un grand soulagement.

Pour redescendre, nous empruntons une partie du trajet du 10 km. J'y croise un gars qui n'a vraiment pas l'air bien. Il semble complètement vidé. Je lui propose de s'assoir un peu et lui demande s'il a avec lui de quoi manger. Besoin urgent de glucides. Je lui refile une barre de fruits, des pastilles de sucres et d'électrolites et beaucoup d'eau. Graduellement, il reprend des couleurs. On marche ensemble jusqu'au poste de ravitaillement. Il se sent mieux et reprend la course. Tant mieux... je me console un peu en pensant que j'ai pu aider quelqu'un à se rendre jusqu'au bout.

De retour à Montréal, un petit arrêt à mon super dépanneur pour m'acheter une dose de réconfort. Comme pour conjurer le sort, j'arrête mon choix sur la Coureur des bois des Frères Houblon, une bière ambrée, double fermentation, et un sac de chips.

Entre une poignée de chips et une gorgée de bière, la conclusion toute simple s'est révélé. Je dois retourner courir rapidement pour me mettre des km dans les pattes mais surtout pour éviter que mon abandon d'hier mine ma confiance en vue du Ultimate XC.

S'il peut juste arrêter de mouiller...






5 commentaires:

Pepére a dit…

Éric des Bois qui boit de la Coureur des bois! C'est dommage que ta course ne soit pas terminée comme tu l'avais souhaité, mais je suis sûr que tu sauras en tirer des leçons qui t'aideront pour tes prochaines. Et bravo d'avoir remis sur pied un coureur qui en arrachait! P.S. C'est vrai qu'il n'y a aucune honte à abandonner, mais il me semble qu'il y a des choses plus pertinentes à dire en plein milieu d'une course à quelqu'un qui n'est pas blessé...

Pepére a dit…

Et aussi, bravo pour ce 11k dans de très mauvaises conditions!

Éric a dit…

Merci Pepère! En effet, je suis certain d'en tirer des leçons. Et tu as bien raison, grand motivateur, j'ai quant même fait 11 km. Je vais pouvoir porter le t-shirt sans gène, d'autant plus qu'il est très beau ;-)

Pierre a dit…

Salut Éric, j'étais content de te revoir au départ! Dommage pour ce DNF mais comme tu dis, il y a des leçons à tirer pour bien réussir le Ultimate XC dans 4 semaines. Où nous nous reverrons, bien sûr!

Éric a dit…

Salut Pierre,
Bravo pour ton temps impressionnant dans cette chaleur. Une vraie machine! On se voit au Ultimate.