lundi 25 mai 2009

Demi-marathon d'Ottawa

Quelle magnifique fin de semaine de course. Le spectateur en moi en revient impressionné. Le coureur, lui, revient un peu magané mais heureux.

Nous sommes arrivés, ma Douce et moi, à Ottawa en début d'après-midi samedi. Au sortir de la 417, on se serait cru à Montréal à l'heure de pointe. Embouteillage monstre. L'affluence d'une masse de coureurs vers le Parc Lansdowne n'était pas la seule explication de cette lente procession de voitures. La Fin de semaine de course d'Ottawa coïncidait avec la Great Glebe Garage Sale. L'enfer, moi qui déteste viscéralement les ventes de garage, j'arrivais dans une véritable orgie d'exposition de cochonneries.

Après avoir récupéré ma trousse de coureur et mangé une respectable pointe de pizza à l'Expo-santé, nous avons marché le long du canal en direction du site de départ/arrivée. Le temps est magnifique, le décor aussi.

Une fois sur place, nous avons, dans l'ordre, assisté à l'arrivée du 2 km, au départ du 5 km et au départ du 10 km. J'ai rarement vu autant de monde. C'était très beau à voir, plusieurs milliers de personnes prêtes à se dépasser, à viser un meilleur temps ou simplement à parcourir la distance.

Au départ du 10 km, il y avait un certain Deriba Merga. L'Éthiopien, déjà gagnant du marathon de Boston en 2009, visait non seulement à remporter le 10 km, mais surtout à battre le record du monde de cette distance sur route (27:02 établi par Haile Gebreselassie en 2002). Après avoir maintenu un tempo de record du monde pendant 8 km, Merga n'a pu tenir le coup et a raté son ambitieux objectif de 22 malheureuses petites secondes. En plus de ne pas voir son nom remplacer celui de son illustre compatriote dans le livre des records, Merga a également vu s'envoler la prime de 100 000 $ promise par les organisateurs.
Le dimanche matin, j'ai rangé mon t-shirt de spectateur et j'ai enfilé ma camisole de coureur. Place aux choses sérieuses. Arrivé sur le site vers 8 h 15, j'avais donc tout le temps nécessaire pour me préparer, me réchauffer et stresser un brin.


Une quinzaine de minutes avant le départ, je suis allé m'entasser avec les quelques 10 000 coureurs. À nous regarder, même une sardine aurait rigolé.

Finalement, j'ai enfin vu arriver mon lapin. 1:45. C'était mon objectif. J'ai peut-être souvent couru comme un lapin, mais je n'en avais jamais suivi un. J'ai adoré l'expérience. Pas d'inquiétude. Pas de calcul mental. Je n'avais qu'à suivre, en me faufilant agilement entre les coureurs plus lents.

J'anticipais avec plaisir de courir le long du canal Rideau. J'imaginais la beauté du décor. Je me suis vite rendu compte que j'ai parcouru les 21 km en ne voyant presque rien. Pour la visite touristique, faudra revenir. Il y a avait tellement de monde qu'il fallait rester concentré. Je n'ai même pas vu le Parlement, j'étais trop occupé à suivre mon lapin.

Point de vue course, ce demi a été une expérience idéale jusqu'au 17e km. Je suivais mon lapin, je buvais régulièrement, il ne faisait pas trop chaud, le bonheur. En longeant le canal sur la rive est, je me sentais bien, j'étais confiant. À notre passage, la foule criait : « Go, one forty-five », « Go bunny, keep the pace », « Come on pace bunny, bring them home ». Après la traversée du pont, on s'est retrouvés avec un vent de dos et j'ai soudainement eu très chaud. Les kilomètres semblaient s'allonger. Les pieds me brûlaient. Je sentais une brûlure aux aisselles et aux mamelons. C'était probablement une erreur d'étrenner ma nouvelle camisole en fin de semaine.

Au 21 k de Montréal, j'ai terminé en force. À Ottawa, j'ai terminé de force. Plusieurs voix discutaient vivement dans ma tête. Une a même suggéré de marcher un peu. Mais ce n'était pas une option. Elle a dû ravaler sa proposition devant le tollé de protestations. J'ai donc lutté pour suivre les jolies oreilles roses avec qui j'avais parcouru sans peine les 17 premiers kilomètres, mais mon lapin a graduellement creusé un écart et il a finalement franchi la ligne d'arrivée 1 minute avant moi.

J'ai enfin franchi la ligne d'arrivée en souffrant et en carburant strictement à l'orgueil, en 1:46:33.1. Mission accomplie. Très heureux. Fatigué, les aisselles en feu, les mamelons en sang, mais le coeur en fête. Quand j'ai montré mes blessures de guerre à ma Douce, elle a rigolé en me disant que j'aurai maintenant une idée de la douleur causée par les gerçures d'allaitement. C'est un peu pour ça que je l'aime...

3 commentaires:

Sylvie a dit…

hehe! Tu m'as fais rire (et peur à cause du commentaire de ta blonde!) avec ton histoire de mamelon :-)
Félicitation pour ton récit mais surtout pour ta belle course. L'expérience commence à entrer!
Prochaine étape ... le marathon?

Unknown a dit…

Bravo Éric,

J'aurais bien aimé faire parti de cette course. En tous cas félicitation pour ton chrono. C'est quand même fort le mental!

Geneviève a dit…

Wow! Félicitations pour ta performance! Ton texte est très comique. Merci pour cet inspirant récit!